Une histoire de rythme...
Hello!
Dernièrement, j'ai du abandonner mes livres, tout du moins temporairement. En effet, je dois déménager à la fin du mois, et les livres furent les premiers cartons à quitter mes quartiers. Je me suis retrouvée bien démunie, avec seulement quelques rogatons littéraires, restes ultimes et conservés car non finis lors de la première phase de lecture.
C'est alors que m'ai revenue cette idée lointaine d'article pour le blog, après celui sur mes achats livresques, et à propos des bibliothèques. Il concerne le rythme, non pas dans la peau, mais de lecture. Je n'arrive pas à lire de manière "normale", ou alors pas souvent. Qu'est ce que la manière normale? C'est, selon moi et le modèle que l'on m'a inculqué, lire une heure, peu ou prou, chaque soir, et un livre à ka fois. Je ne sais pas faire cela, même si je le faisais étant enfant. Maintenant, et ce depuis mes treize ans à peu près, c'est tout ou rien : je butine ou je dévore. Et il faut bien noter que la qualité du livre n'a rien à voir avec cette façon de consommer l'histoire, à peine plus que mon étant de forme, mon travail etc. Je n'arrive pas à savoir à quoi cela est du, un psychanalyste me ressortirai un truc de mon enfance achement bien enfoui, mais bon, aller faire une thérapie juste pour ça, faut pas exagérer non plus.
Ainsi, j'ai fini ce week-end deux livres. Deux histoires différentes...
Le premier s'appelait "Comment supporter les insupportables", de Francis Gavilan. Ce livre n'est pas à moi, mais à mon ami Jeff, chez qui j'étais. Pour des raisons pratiques, je l'ai donc lu en... trois heures. Je n'ai pas pu faire autrement, je n'allais pas lui emprunter, il était très tard, bref, je l'ai lu sur place, comme ça. Ce n'est pas un roman, plutôt un vade mecum vous éduquant sur l'art et la manière de supporter - et de se débarrasser - des gens insupportables, des chiants, des emmerdeurs, qu'ils soient apathiques, m'a tu vu, langue de vipère, manipulateurs ou agressifs. J'ai piqué quelques idées... afin de me débarrasser de certaines personnes (nombre très réduit - en plus je ne les ai pas vues depuis des mois voire des années, quel soulagement!)
Ce rythme rapide est relativement courant quand je lis, même si je ne peux le reproduire à chaque fois. Le dernier Vargas, pareil, expédié, en deux jours certes, mais vite. Et même cas, ce livre étant à ma mère je ne pouvais pas trop lui emprunter. Dans ces cas là je suis bibliothèque friendly, et je m'en sors très bien, notamment avec les livres "à suspense", ou très attendus (c'est le cas pour Harry Potter...), mais parfois aussi pour d'autres, tel Pot Bouille de Zola, lu en une journée, il y a quatre ans de cela. C'est vraiment étrange, Pot Bouille n'est pas non plus un livre super palpitant, et pourtant... C'est sans doute parce que j'avais beaucoup de choses en tête que se perdre dans un livre, n'importe lequel, m'a fait un bien fou ce 2 décembre 2002. Les exemples arrivent dans ma tête à toute allure, citons Quelqu'un d'autre de Tonino Benaquista, les nouvelles aventures du petit Nicolas (lues pendant un repas de famille chiant...)... Bref, le fast lecture, ça me connaît!!
Le cas contraire arrive aussi relativement souvent. Combien de fois ai-je retrouvé un livre, sous mon lit, sous un coussin, avec un coin corné, et que j'ai repris avec un enthousiasme plein, me repérant dans l'histoire, au début un peu à vue, puis me souvenant petit à petit des détails, appréciant l'histoire sous un autre angle? Plein (de fois)! Encore dernièrement, en reprenant le grand classique de Michel Tournier, Vendredi ou les limbes du Pacifique, que je n'avais jamais lu. Je l'avais commencé en août, puis abandonné, relisant deux pages, abandonnant à nouveau, avant de le coincer, samedi, tard. À deux heures, j'avais fini, pleinement heureuse de cet état des choses, cette impression de lenteur née de la vitesse de ma lecture collant parfaitement à la lenteur à la fois du récit, et des événements relatés. Je suis très contente de ce livre, il est doux et compliqué, politique et poétique, je ne vais pas trop en faire non plus, mais ce n’est vraiment pas un livre dont la réputation est usurpée. De plus, je sais que chez mes parents m'attendent plusieurs livres à moitié lus, qui, contrairement aux bouteilles à moitié bues, ne se seront pas éventés, et qui pourront à nouveau me faire rêver, rire, pleurer etc. Mon unique livre commencé à présent, unique solution donc, perspective effrayante de non choix, obligation virtuelle de le finir sans toucher à une autre reliure, sans que mes yeux ne se posent sur d'autre pages, ce livre unique va bientôt retrouver ses compagnons de harem, pour mon plus grand bonheur. Quelle joie de pouvoir sauter de la SF à Hugo, de Hugo à une nouvelle de Didier Daeninckx, de Daeninkx à Pratchett, puis de revenir enfin sur Zadie Smith, qui me faisais saliver depuis des années, et dont je viens enfin d'acquérir le roman White Teeth.
Que voulez vous, en matière littéraire, je suis une infidèle épanouie!