Pytra lit, a lu, lira...

mardi, novembre 01, 2005

James Ellroy – Le Dahlia Noir

Ceci est un livre policer à la fois envoûtant et légèrement acide, comme j’en avais assez peu lu auparavant : le langage est vert, souvent violent, volontiers vulgaire, toujours très cru et sans concession bon enfant comme dans les polars anglo-saxons.

La scène se déroule en 1947, au moment même où les USA sont censés être les nouveaux maîtres du monde, juste après la seconde Guerre Mondiale. Mais ce boom économique ne ce fait pas sentir (c’est toujours la misère pour bien des citoyens...), pas plus que le penchant gore de certains autres bons livres de la même veine, ou tout du moins classés dans le même coin à la librairie et qui n’ont rien à voir – je doute que Patricia Cornwell puisse être comparée à Ellroy, et vice versa.

L’histoire ? Deux flics, deux boxeurs, l’un d’entre eux est le narrateur, et surtout le personnage du Dahlia, que l’on retrouve assassinée – et passablement mutilée – dans un terrain vague de LA, le 15 janvier de 1947. L’enquête s’organise, et les flics mettent tout en œuvre pour retrouver « la salaud qui a fait ça » pour reprendre la formule archi-consacrée. Et puis, c’est mystérieux, c’est captivant, je ne suis même pas sûre que le meurtre soit le plus important tant l’ambiance même est bien rendue, ciselée ou plutôt découpée au cutter, avec des crises, des secrets, des manigances et le paysage urbain de LA, celui de Tijuana, les maisons et les voitures années 40...

Quand l’envie de savoir la fin est trop forte (quand même, c’est un polar « noir », et on veut savoir qui et pourquoi !), Ellroy réussit encore à nous faire nous intéresser à autre chose, et les multiples intrigues secondaires font autant la force du livre qu’elles ont fait que mon intérêt pour le personnage du Dahlia en lui-même –Betty Short, wannabe actrice belle comme la nuit et d’abord facile pour les membres du sexe opposé – c’est un peu émoussé vers la fin, mais au total, c’est vraiment un très bon moment et surtout, un style que j’apprécie énormément.

Ce livre fait partie du quatuor de Los Angeles, qui comprend aussi LA Confidential, que j’avais lu au printemps sans savoir : vu que le Dahlia Noir est le premier, autant commencer pas celui-ci, puis enchaîner sur Le Grand Nulle Part, puis LA Confidential, et terminer par White Jazz. Il est inspiré d’une histoire vraie, qui fut à l’origine de dizaines de livres et de sites web, que l’on peu consulter si vraiment on devient fana de cette histoire, mais le point de vu subjectif de J Ellroy est à mon avis assez captivant.

Le livre a été adapté en film et sortira en 2006, avec Josh Hartnett et Aaron Eckart dans les rôles de flics, et Scarlett Johanson dans le rôle de Kay, qui est une femme qui compte pour ces deux hommes. Je ne sais qu’en penser, mais a priori l’adaptation de LA Confidential a été bonne, et pourquoi pas, en sachant que les films ne sont souvent que des pâles copies des livres...

En bref, un bon, très bon livre, une ambiance fascinante, et la version personnelle d’un meurtre mythique.

Le Dahlia Noir, ed. Rivages/Noir, 9€45

Merci à ce site sur Ellroy, que je n’ai pas recopié ;) http://www.edark.org

Et aussi ce site (trouvé en lien sur le site précédant) http://www.pop-comm.com/blackdahlia/book.htm