Pytra lit, a lu, lira...

lundi, janvier 05, 2009

I fall, you fall

Deux ans et demi! Il m'en a fallu du temps pour m'y remettre! Retrouver le blog, me souvenir de mon mot de passe... avoir envie de m'y remettre... Et avoir quelquechose à dire! L'apprentissage, long, ardu et pas tant passionnant que ça de la comptabilité, les déménagements permanents, la cuisine, la lessive, la litière du chat à nettoyer, ça vous tient éloigné du monde magique d'internet. Mais pas des livres. Petit résumé en travelling depuis 2006 : encore du Pratchett, encore du Gaiman avec une dédicace, des BD (merci Bidibul), des essais qui avant me faisaient renâcler, des bons polars classiques et inatendus (Paco Ignacio Taibi II, si tu me lis, merci gracias), et pas de chick lit, des trucs sur les gauchers, pas mal de mythologie, des nouvelles de la série « Hitchcock présente », Jørn Riel, de la science fiction, entre autres.

Enfin, dernièrement, c'est plutot Agatha Christie old school acheté à la foire au livres de Belfort (mon actuel lieu de résidence, riante cité froide et chaude à la fois, qui a une foire aux livres d'occase, donc).

Mais je préfère revenir sur un OVNI littéraire qui m'est tombé dessus au printemps 2007, parce que, un an et demi après, je suis très contente de l'avoir retrouvé dans mon quatrième déménagement.

Ce livre a pour titre « A la recherche de l'utérus perdu ». C'est l'œuvre de Patricia Rodriguez, paru aux éditions des Femmes, Antoinette Fouque, tout ça. C'est un cadeau. Je l'ai lu vite, comme à mon habitude (et oui, c'est normal de ne pas lire entièrement la psychanalyse des contes de fées de Bettelheim d'un coup, il fait partie de l'autre sorte de livres, ceux qui s'oublient et se savourent comme le Christmas Pudding). J'ai des souvenirs vagues et agréables de ce livre, un peu comme le parfum d'un lait de toilette qu'on retrouve dans un placard rappelle les vacances à la mer, ou comme un paire de boucles d'oreille raconte une fête ou un dîner. Je me rappelle qu'il se passe au Mexique, qu'il met en scène une femme médecin mélancolique, des transsexuelles en mal d'enfant désireuses de se faire greffer un utérus, des chattes errantes et enceintes, quantité de petits déjeuner gratuits, une bombe et une happy end. Encore que pour le bombe, je ne suis pas sure. Même si le livre n'est certes pas un sommet littéraire, il contient ce que j'appelle une ambiance : il est parfaitement reconnaissable, il a une patte fine et authentique, il est uniquement ce livre. Décousu certes, pas parfait, mais il est lui : un peu comme une aventure de Poirot et une de Sherlock Holmes,qui au final appartiennent au même genre, mais un chacune une saveur particulière. La littérature se fait synesthésie; elle ressemble à Rimbaud voyant A noir, E blanc, I rouge, U vert, O bleu : Poirot dit chocolat chaud, compartiment de train, bonne qui s'appelle Gladys, marmelade sur scone, alors que Sherlock dit Londres humide, violon, traces dans la boue et brouillard. Certes, ce n'est pas universel et les auteurs ont bien raison de s'amuser des codes et gimmicks des héros récurents. Mais parfois, lire en allant presque ou l'on va peut permettre, au dela d'un évident confort, un contemplation plus pleine de l'histoire, des situations, des petits détails inédits et néanmoins allant parfaitement avec l'univers. Un bon livre, c'est une histoire captivante, mais aussi une façon de harnacher les mots à celle-ci, de les faire coller, adhérer au propos, en liberté, des les voir transformer le récit par leur simple grâce.

Ce que je redoutais est arrivé, je me suis emportée et suis devenue lyrique...

Je ne vous conseille pas ce livre, mais plutôt de lire en général, de ne pas vous arrêter une une seul auteur, style ou forme d'expression (toutes sont intéressantes) .

En lecture, on peut être boulimique ou anorexique sans danger! Soyez fous et irresponsables, lisez!

lundi, juin 19, 2006

Une histoire de rythme...

Hello!
Dernièrement, j'ai du abandonner mes livres, tout du moins temporairement. En effet, je dois déménager à la fin du mois, et les livres furent les premiers cartons à quitter mes quartiers. Je me suis retrouvée bien démunie, avec seulement quelques rogatons littéraires, restes ultimes et conservés car non finis lors de la première phase de lecture.
C'est alors que m'ai revenue cette idée lointaine d'article pour le blog, après celui sur mes achats livresques, et à propos des bibliothèques. Il concerne le rythme, non pas dans la peau, mais de lecture. Je n'arrive pas à lire de manière "normale", ou alors pas souvent. Qu'est ce que la manière normale? C'est, selon moi et le modèle que l'on m'a inculqué, lire une heure, peu ou prou, chaque soir, et un livre à ka fois. Je ne sais pas faire cela, même si je le faisais étant enfant. Maintenant, et ce depuis mes treize ans à peu près, c'est tout ou rien : je butine ou je dévore. Et il faut bien noter que la qualité du livre n'a rien à voir avec cette façon de consommer l'histoire, à peine plus que mon étant de forme, mon travail etc. Je n'arrive pas à savoir à quoi cela est du, un psychanalyste me ressortirai un truc de mon enfance achement bien enfoui, mais bon, aller faire une thérapie juste pour ça, faut pas exagérer non plus.

Ainsi, j'ai fini ce week-end deux livres. Deux histoires différentes...
Le premier s'appelait "Comment supporter les insupportables", de Francis Gavilan. Ce livre n'est pas à moi, mais à mon ami Jeff, chez qui j'étais. Pour des raisons pratiques, je l'ai donc lu en... trois heures. Je n'ai pas pu faire autrement, je n'allais pas lui emprunter, il était très tard, bref, je l'ai lu sur place, comme ça. Ce n'est pas un roman, plutôt un vade mecum vous éduquant sur l'art et la manière de supporter - et de se débarrasser - des gens insupportables, des chiants, des emmerdeurs, qu'ils soient apathiques, m'a tu vu, langue de vipère, manipulateurs ou agressifs. J'ai piqué quelques idées... afin de me débarrasser de certaines personnes (nombre très réduit - en plus je ne les ai pas vues depuis des mois voire des années, quel soulagement!)
Ce rythme rapide est relativement courant quand je lis, même si je ne peux le reproduire à chaque fois. Le dernier Vargas, pareil, expédié, en deux jours certes, mais vite. Et même cas, ce livre étant à ma mère je ne pouvais pas trop lui emprunter. Dans ces cas là je suis bibliothèque friendly, et je m'en sors très bien, notamment avec les livres "à suspense", ou très attendus (c'est le cas pour Harry Potter...), mais parfois aussi pour d'autres, tel Pot Bouille de Zola, lu en une journée, il y a quatre ans de cela. C'est vraiment étrange, Pot Bouille n'est pas non plus un livre super palpitant, et pourtant... C'est sans doute parce que j'avais beaucoup de choses en tête que se perdre dans un livre, n'importe lequel, m'a fait un bien fou ce 2 décembre 2002. Les exemples arrivent dans ma tête à toute allure, citons Quelqu'un d'autre de Tonino Benaquista, les nouvelles aventures du petit Nicolas (lues pendant un repas de famille chiant...)... Bref, le fast lecture, ça me connaît!!

Le cas contraire arrive aussi relativement souvent. Combien de fois ai-je retrouvé un livre, sous mon lit, sous un coussin, avec un coin corné, et que j'ai repris avec un enthousiasme plein, me repérant dans l'histoire, au début un peu à vue, puis me souvenant petit à petit des détails, appréciant l'histoire sous un autre angle? Plein (de fois)! Encore dernièrement, en reprenant le grand classique de Michel Tournier, Vendredi ou les limbes du Pacifique, que je n'avais jamais lu. Je l'avais commencé en août, puis abandonné, relisant deux pages, abandonnant à nouveau, avant de le coincer, samedi, tard. À deux heures, j'avais fini, pleinement heureuse de cet état des choses, cette impression de lenteur née de la vitesse de ma lecture collant parfaitement à la lenteur à la fois du récit, et des événements relatés. Je suis très contente de ce livre, il est doux et compliqué, politique et poétique, je ne vais pas trop en faire non plus, mais ce n’est vraiment pas un livre dont la réputation est usurpée. De plus, je sais que chez mes parents m'attendent plusieurs livres à moitié lus, qui, contrairement aux bouteilles à moitié bues, ne se seront pas éventés, et qui pourront à nouveau me faire rêver, rire, pleurer etc. Mon unique livre commencé à présent, unique solution donc, perspective effrayante de non choix, obligation virtuelle de le finir sans toucher à une autre reliure, sans que mes yeux ne se posent sur d'autre pages, ce livre unique va bientôt retrouver ses compagnons de harem, pour mon plus grand bonheur. Quelle joie de pouvoir sauter de la SF à Hugo, de Hugo à une nouvelle de Didier Daeninckx, de Daeninkx à Pratchett, puis de revenir enfin sur Zadie Smith, qui me faisais saliver depuis des années, et dont je viens enfin d'acquérir le roman White Teeth.
Que voulez vous, en matière littéraire, je suis une infidèle épanouie!

vendredi, mai 05, 2006

De l'ennui d'être abonée au Monde - et des livres du moment.

Je suis abonnée au Monde. Ho, pas depuis longtemps, un mois tout au plus, et encore, cela prendra fin le 16 juin. C'est très ennuyant le Monde, parce que, quand on le reçoit chez soi, on se sent obligé de le lire. Et c'est la tout le drame, parce que c'est très chronophage. Et je ne lis même pas tout. Et les sudokus sont plus compliqués que ceux du journal gratuit "Lyon Plus" ou du "20 minutes" (je ne lis pas "metro", on est snob ou non), ce qui est intellectuellement désobligeant. Mais le Monde a un avantage : c'est le Monde2. Sans faire de raccourci facile, ce concentré du Monde est de loin le newsmag le plus intéressant, parce que couplé à un journal de référence (difficilement pour moi), et donc plus élevé et plus en l'air, sans toutes les contingences actu qui passent dans le quotidien; preuve la très jolie chronique littéraire de celui du 6 mais 2006, parlant des romans policiers apparemment jubilatoires de R. Majan, qui m'a fait envie, ce qui est plutôt rare pour une chronique.
Je navigue ainsi entre les Monde qui s'accumulent, avec des sudokus à moitié griffonnés, et des livres en tas, offerts, comme autant de gigolos exotiques, attirants mais quand on sait qu'on peut en avoir qu'un à la fois, le choix prends parfois plus de temps que l'acte (de lire) lui même.
J'ai "lu" les Miscellanées de Mr Shott. je ne sais pas si l'on peu dire que l'on a lu ce livre, pour parcellaire et émietté qu'il est, et c'est aussi un de mes rares choix dicté par l'actu, même si je l'ai lu deux mois après tout le monde. Le principe est maintenant archi connu (si vous ne connaissez pas, c'est que vous venez de sortir de la grotte pour lire ce blog), c'est celui de l'almanach, de l'accumulation de petits riens, des petites infos, telles les inventions éponymes (la bande Velpeau vient de M Velpeau, étonnant non?), les formes des nuages, les morts insolites de certains rois thaïlandais, ou birmans, je ne me souviens plus. Et c'est là le problème : avec ma mémoire de poisson rouge: j'ai quand même oublié la troisième loi de la robotique (il y en a quatre), et je n'ai qu'une vague notion des la place de chaque joueur au criquet. Parce que si je sais que la famille Brontë comptait trois soeurs et un frère, tous morts avant 50 ans, bon Ok, je devrais mieux lire leurs livres. Idem avec les capitales de petits pays : à quoi bon savoir situer Thimbu si c'est pour passer toutes ses vacances dans le marais poitevin? Ainsi cette délectation de l'esprit passe parfois pour de l'accumulation sans but, pédante et inutile, mais l'inutile est parfois si appréciable (pour le pédant, à vous de voir)
Sinon, j'ai lu la recueil de karen Blixen, le dîner de babette. Il comprend plusieurs nouvelles, en folio poche en tout cas, dont la très belle et très scandinave "tempêtes", qui décrit l'amour, le théâtre, mêlant Shakespeare et le réel. Une autre nouvelle, l'éternelle histoire, mélange aussi le conte et le réaliste, et fait partie du tout petit groupe des oeuvres littéraires qui feraient un film, sinon excellent (tout dépend du réalisateur quand même), du moins prometteur, ne faisant pas mentir le cinéaste Henri Georges Clouzot, qui disait "pour faire un film, premièrement, une bonne histoire, deuxièmement, une bonne histoire, troisièmement, une bonne histoire". C’est souvent tout ce qui est essentiel à la vie : qu'elle soit pleine d'histoires, et qu'elles soient bonnes...

vendredi, mars 31, 2006

Le livre qui fait bien! et même DU bien!

Hello, lecteurs!

en ce moment je lis non pas pour mon plaisir, je lis interessé. je lis pour pouvoir répondre avec classe à la question "quel est le dernier livre que vous ayez lu?", question que mes examinateurs durant mon oral d'admission ne manqueront pas de me poser, sinon j'aurais fait ça pour rien.
j'avais plusieurs livres à ma disposition pour ça : des pièces de théâtre pour beaucoup d'entre eux. Faust de Goethe, Romeo et Juliette (je sais pas si ça le fait de dire que l'on lit du Shakespeare.) j'avais aussi un recueil de nouvelles de Karen Blixen (après avoir vu le Festin de Babette je me suis tournée vers lui).

Mais j'ai choisi A Rebours. Oui, de Joris-Karl Huysmans. Oui, vous ne connaissez même pas, et si oui, vous êtes très forts, ou alors dingue de littérature, mais de la forte, non coupée, sans aucune sorcière qui chante de chansons grivoises dedans (en ce moment, j'en ai un peu marre de Pratchett en permanance, il faut bien changer non?)

Donc, ce petit bijou de livre, cette merveille, cette rareté, m'est arrivée entre les mains de façon détournée. L'idée n'est pas de moi. Elle n'est même pas née d'une errance dans une librairie très bien fournie, mettant les auteurs de la fin XIX en valeur. L'idée vient de Thierry Prellier. Il a écrit un livre, un seul à ma connaissance, le petit dictionnaire des mots rares, que l'on trouve au cherche midi, ou en poche. C'est un livre essentiel, que j'ai depuis des années (trois ou quatre ans?) et que je consulte souvent, et qui m'a fait lire déjà d'autre livres : en fait, ce petit dico de mots délectables m'a déjà fait lire Lolita de Nabokov, livre contre lequel j'avais des précautions, mais qui est en fait fantastique - mais ce n'est pas le sujet. Prellier cite dans le dico, après les définitions, des extraits, phrases venues de ces lectures. Et certains titres reviennent souvent : Lolita (et d'autres de Nabokov) et A Rebours (de Joris-Karl, mon nouvel ami).
alors, je me suis dit, en cherchant délibérement un livre qui fait classe, pourquoi pas A Rebours? rien que le titre fait intello, rien que le nom de l'auteur impressionne, rien que le contenu m'éblouit.

Car il y a un contenu, dense, lourd et âcre, derrière ce quelquechose de clinquant et de poseur qu'est la livre au premier abord. il y a l'histoire de Des Esseintes, héros romantique dégénéré, nevrosé et finissant, qui pleure la pauvreté de son sang étteint et sa vie mort-née, faite de rencontres nulles et de lectures voraces, de tortues dorées et de fleurs achetées pour le ressemblances avec des fausses, de vie uniquement nocturne, de continuels maux et de mots eux aussi abondant en un flux intarrisable, parfois obscurs, parfois triviaux, toujours exprimant une irrésolue fatigue de la vie et de tout ce qui pourrait être la normalité.

Ce héros de la charogne, du scandale et de l'ennui, ce héros d'une certaine fin, on peut le retrouver dans certains personnages au sang finissant dans l'épopée retranscrite par Zola - en particulier les nobles débiles dans le docteur pascal - tout en n'étant pas du tout du même style - ou dans les trames poétiques de la fin du siècle. étrangement, Huysmans est devenu après ce roman un catholique fervent, et semble avoir retrouvé une vie plus paisible, Des Esseintes étant parfois son autoportrait. il se retire même chez les bénédictines.

Vers la fin du roman, la maladie rattrape Des Esseintes. Elle le rattrape au point qu'il se sent mourir, et il sent en fait mourir ce monde clos, ce monde de nuit et de chimères qu'il avait tenté de construire. Une des chimères les plus marquantes est celle de la tortue : il fait peindre d'or et incruster de pierres soigneusement choisies un tortue afin qu'elle décore son intérieur et soit raccord avec le tapis. mais la tortue meurt (la nourrit-il seulement?) et l'odeur de la putréfation se répand. Avec elle meurt un peu du rêve de vie retirée du monde, consacrée au beau et à l'étude, que Des Esseintes voulait s'imposer. On peut penser que le livres est profondément pessimiste, puisqu'il est en fait le récit d'un échec, mais en fait, après avoir lu la préface de l'auteur, on se rend compte que ce n'est qu'une fin possible, et que la renaissance est réalisable; pour Huysmans ce sera avec la religion comme vu plus haut, mais ce peut être aussi le nouveau siècle, qui s'ouvre après le roman, que l'homme peut retrouver l'espoir et se sortir enfin de ce siècle languissant, finissant. ce même siècle qui faisait dire à Hugo dans les Misérables "le dix-neuvième siècle est grand, mais le vingtième sera heureux". C'était une jolie citation, dommage que tout se soit mis en oeuvre pour en faire un contre-vérité...

ps : je l'ai fini. accablée par tant de pessimisme, je me suis retournée vers mon bon vieux pratchett. haaa, que c'est bon - aussi - et qu'éric est dröle!

mardi, mars 14, 2006

Mais d'où viennent-ils?

Qui? Mais les livres, qui recouvrent de plus en plus le sol, les boites et la bibliothèque de mon par ailleurs charmant 38m²..! Et bien, répondraient les esprits simples, du magasin (un mot sur la bibliothèque du quartier : je n'y vais que rarement : je suis systématiquement en retard et j'accumule les amendes...). Mais cette réponse du magasin n'est pas satisfaisante, elle ne convient pas: mes livres (hé oui, j'éprouve une certaine satisfaction à parler de mes livres, comme on parle de sa bagnole ou de son appart ou de sa machine à expresso), mes livres ne viennent pas de n'importe où. Je suis sélect, je ne prends pas tous les livres; limite je fais de l'immigration choisie (pour ça seulement). Je m'explique : il y a une catégorisation, et différentes provenances.
Il y a d'abord les livres de provenance "pas claire», c'est à dire dont je ne me souviens plus, plus bien, pas du tout. Ils me viennent en grande majorité de ma mère, ou plutôt de la maison de mes grands parents. Un mot là dessus : c'est une ferme, et dans la salle (l'entrée quoi), il y a une armoire qui contenait-elle est vide maintenant-, en bas, des livres que ma soeur et moi allions prendre quand nous allions là-bas. Le placard regorgeait de club des cinq, d'Agatha Christie et de Zola, qui constituèrent mes premiers et plus forts émois littéraires. Ces livres là ont été achetés avant que je naisse, et lus par ma mère et mes tantes à mon âge à l'époque.
Ensuite, il y a les livres que j'achète. Ils sont nombreux, et leur population évolue de façon rapide, surtout dernièrement. je les achète parfois en ne sachant pas si je les lirais ou si je les offrirais, parfois juste parce que la couverture est jolie, moins souvent parce que j'ai en tête un plan ou que j'ai lu une critique du livre qui m'a plue. Mes terrains de jeu préférés sont, dans l'ordre s'il vous plait:
decitre et decitre langues. À Lyon, place bellecour. C’est grand, il y a tout, les vendeurs sont gentils et compétents, et mon prétendu snobisme (quelle illusion!) m'y pousse plutôt qu'a la fnac -en plus leur rayon anglais est nul, à la fnac. Les désavantages sont nuls, si ce n'est que je ne peux que rarement ne pas acheter en y allant.
La fnac. Ok, c'est un supermarché, et nous avons tous la larme à l'oeil en y allant, rien qu'en pensant à notre petit libraire de quartier qui pouvait vous commander votre livre avec tout l'amour du petit commerçant et se souvenir du prénom de votre mère, de votre mec, de votre chien. Mais bon, comme disait Madonna, i'm a material girl, alors parfois, je vais à la fnac.
Amazon. Ok, je ne devrais pas faire de pub. Mais l'achat sur internet, quel pied! Quel confort! Quel danger! À tout heure du jour où de la nuit, acheter l'intégrale de Proust ou le dernier beigbeder! J’aime bien, je l'emploie aussi pour faire des cadeaux : comment trouver un obscur western ou un livre de cuisine mongole en anglais? Internet, je vous dis!
Les brocanteurs. C’est mon moyen préféré. En fait, pour moi, un livre n'est pas tant une enveloppe matérielle qu'un contenu, qu'un texte ; comme pour les gens, je me fie plus au fond qu’à la forme. Il y en a une, de brocante - dépôt vente - antiquaire à Lyon, que j'adore. elle n'est pas très loin de chez moi, c'est une mamie, dans un garage, entre des fauteuils en rotin, des pianos demis queues et des tables de marbre tachées, il y a des étagères branlantes avec des livres, des masques, avec pour tout commentaire ce signe " 6 pour 2 euros". C’est là bas que j'ai découvert une série d'Alexandre Ternel, les "croque mort", roman policier mettant en scènes un croque mort, donc, mais aussi un commissaire couard, une juge frigide et maniaque, des notables tous trempant jusqu'au cou dans des affaires louches, et une ambiance jouissive de ville moyenne française dans les années quatre-vingt... et le tout pour 2 euros! Magnifique comme parfois un magasin poussiéreux et tenu par une sexagénaire peut recéler de bonnes surprises!
Il y a aussi le dépôt vente en chaîne, avec le troc de l'île. Il faut avouer, le choix est plus grand, et c'est souvent l'endroit indiqué en cas d'envie pressante de lire un Molière (une pièce hein), Flaubert, Zola, ou autre très grand classique : on récupère les cadavres de bouquins d'écoles, avec parfois un dossier explicatif, comme quand on avait quinze ans.
Enfin, les meilleurs livres, les plus beaux : ceux que l'on m'offre. On peut me rendre plus heureuse qu'avec des livres (oui, n'oubliez pas je suis matérialiste : aboulez les diam's, les parfums de prix, les grosses voitures...), mais les livres me rendent plus souvent heureuse. C’est très révélateur les livres que l'on vous offre, cela veut dire beaucoup sur la personne qui l'offre. Personne ne m'a offert de livre sur la mécanique des fluides, parce que c'est peu festif et que je ne m'y intéresse pas. Mais on m'a offert des livres sur les mots rares et bizarres, sur le Danemark, sur les insultes en anglais, ou des contes zen. Bref, que des trucs que j'aurais pu moi même acquérir; et si ce n'est pas le cas, et bien, je prends quand même, je lis, et cela me renseigne sur la façon dont on me voit.
Un avant-dernier mot, enfin, pour illustrer le rapport fusionnel avec les livres : l'été dernier, j'ai été hospitalisée. On m'a offert un livre très épais à cette occasion : je l'ai commencé, jamais fini, et quand je le reprends, j'ai un coup de déprime. Comme quoi...

le vrai mot de la fin : achetez des livres! Ou allez à la bibliothèque! Lisez!

dimanche, mars 05, 2006

Neil Gaiman, ou l'auteur dont j'ai presque tout lu

Hé oui, il arrive d'avoir des crises de boulimie littéraire. au printemps dernier, printemps pourtant de tous cotés complètement pourri, j'ai absorbé une bonne partie des écrits de Neil gaiman, auteur britannique exilé au états unis et connu pour son comic the sandman. Moi, je me suis contentée des romans. Il me suffit de jeter un coup d'oeil à ma bibliothèque, tout à coté de l'ordinateur, pour constater que j'ai effectivement pas mal de trucs de lui. Premier acte en novembre 2004, quand mon amie Céline se ramène en cours avec un exemplaire d'american gods, dont elle me lit un extrait. Une autopsie, avec un thanatopracteur un peu spécial, qui goûte à sa patiente et la referme "comme un sac à main". Ça m'intrigue, ça excite ma curiosité livresque, Céline me le prête. Je le lis assez vite, assez mal en fait : je l'ai racheté par la suite, pour moi, pour le relire, pour l'explorer plus à fond. Le propos est facile : les dieux anciens, des temps païens, sont toujours là, ils sont arrivés avec les immigrants et restent tant que l'on croit un peu en eux. Un de leur leader est Voyageur ou Mercredi dans la version originale, soit Odin. il persuade un homme, Ombre, qui sort de prison pour aller à l'enterrement de sa femme, de le suivre et de l'aider dans la guerre déclarée aux vieux dieux par les nouveaux dieux, la télé, les logiciels, l'information... cette guerre amènera Ombre à de multiples péripéties, dont la rencontre avec les croque morts, dieux égyptiens déclarés, avec des dieux amérindiens, africains, asiatiques, vaudous, celtes, nordiques... aucun dieu du panthéon gréco latin, aucun jésus : cela marque bien comment l'Amérique est plus marqué par une culture d'origine nord européenne ou exotique que celle dans laquelle nous baignons en france. Qui serait capable, sans réfléchir, de parler du mythe de loki ou du voyage de Gilgamesh? Alors que la guerre de Troie, oedipe ou les conquêtes de Zeus nous paraissent familières!
bref, american gods a été une expérience marquante, au point que je me suis documentée sur les mythes, nordique tout d'abord, puis celtes et perses, qui me paraissaient les plus éloignés de ce que je connaissais (zoarastre?? kézako?) mais aussi j'ai voulu lire d'autres romans de gaiman, d'autant plus qu'il a écrit, en 1990, en collaboration avec pratchett, objet de la chronique précédente, un roman intitulé "de bons présages". Céline me l'a prêté, mais je dois avoué que cela ne m'a pas énormément plus. Je devrais le relire à la lumière des mes explorations pratchettiennes, mais cette écriture en duo est peut être un peu trop ardue : alors que pratchett est très comique, l'écriture de gaiman est plus noire et tire vers une réflexion philosophique pas plus profonde que celle de pratchett (qui, mine de rien, fait réfléchir), mais plus évidente.
Bref, j'ai ensuite lu, en anglais cette fois, Neverwhere, de gaiman toujours. Enorme livre, émotion, fascination, j'ai presque plus aimé que american gods. C’est à la fois envoûtant et pas encore trop prise de tête (c'est une oeuvre précédente) ... j'en ai fait le sujet de ma fiche de lecture pour mon cours d'anglais, et ça a été un plaisir d'écrire dessus. En gros (parce que je ne suis pas une machine à résumer) ça cause d'un homme qui, par hasard, pénètre le monde de Londres "en dessous", le monde caché, violent, magique.
Pas dégoûtée, je tente stardust (oeuvre encore antérieure... je fis tout à l'envers!), conte poétique et signifiant, mêlant pour la première fois conte et réalité; en retournant l'ordre de parution, on s'aperçoit qu'il est allé du plus fictionnel (stardust) au plus réaliste (american gods) en passant par un monde pont (neverwhere)
pour tout avouer, j'ai même lu son recueil de nouvelles, miroirs et fumées. C’est aussi très bien, et si vous n'avez pas compris que je vous recommande neil, vous ne savez pas bien lire!!
Sinon, j'ai su récemment que neil avait été/ était/ serait membre de la scientologie. Ca m'inquiète un peu, mais j'essais de croire qu'il a quitté l'église au début des années 80, et je le saurais...
Bref, un bon auteur, des bons livres, bonne nuit, bonne journée!

Pratchett, le temps qui passe et le salidou.

Donc ce serait vrai, je n'aurai pas écrit de billet depuis le mois de novembre. C’est terrible, vraiment! non que je n'ai pas lu durant cette période... au contraire... je me suis lancée tête baissée (un peu imprudemment sans doute...) dans le lecture de l'oeuvre de Terry Pratchett, les annales du disque monde, en anglais, en long, en travers et surtout... en large! c'est sur, je ne capte pas toutes les blagues, mais pour vous dire, j'ai compris que les pyramides avait à voir avec la physique quantique, et j'ai d'ailleurs plus appris sur cette théorie que dans tous les numéros de science et vie que j'ai lus (junior, faut pas déconner, je suis pas une "vraie" scientifique - tiens faisons durer cette parenthèse : je trouverais fantastique que les vrais scientifiques, les durs, les tatoués, ceux qui justement comprennent la physique quantique, j'aimerai bien qu'ils soient tous aussi doués que pratchett pour parler de physique quantique, de photosynthèse ou de tout autre sujet au moins aussi rébarbatif, ce serais plus intéressant en seconde au lycée - je n'ai cependant rien contre cette prof que j'ai eu - Mme Sautour je crois- donc science et vie junior, et c'était même pas moi qui était abonnée, moi c'étais picsou magazine, c'était ma soeur.). Pratchett a écris plein de livres. Plein. Et, étrangement, le niveau est plus élevé, la qualité meilleure, qu'avec l'oeuvre de feue sa compatriote, Barbara cartland, même si elle aussi elle écrivait en masse. j'ai lu, pour l'instant (je donne les titres en anglais, m**de!) : the color of magic, the light fantastic, equal rites, mort, sourcery, wyrd sisters, pyramids (pas fini!), witches abroad, lords and ladies, interesting times, maskerade, carpe jugulum et the last hero. Celui que j'ai préféré est sans doute lords and ladies, où l'auteur se fout royalement des elfes, du songe d'une nuit d'été, tout en conservant l'humour fin et les personnages des sorcières. Il y a un lien sur pratchett pas loin, en anglais, mais il est simple de googliser ou de chercher sur wikipedia (bon article).
Sinon, j'ai lu Peter pan, le livre, pas la bluette de Walt disney. C’est un livre très étrange, très intéressant, mais emprunt d'une atmosphère très spéciale - très lourde, étrange, brumeuse et tendue, et bizarrement, que je n'ai pas trouvée enfantine, mais plutôt comme une représentation de l'enfance par quelqu'un qui se plait à rêver la sienne à l'âge adulte - certainement barrie- atmosphère que je relie à Alice au pays des merveilles, ou à peau d'âne, autres contes pour petits qui, selon moi, sont lourd d'un sens trop évident pour les adultes et invisible pour les enfants de manière immédiate, et que, lorsqu'on les relit à l'âge adulte, peuvent marquer, choquer, ou dégouter (quoi! j'ai aimé peau d'ane, conte si terriblement pédophile!!) .

quoi d'autre? le pourquoi du long silence? c'est long d'écrire un article, surtout quand on veut une orthographe et une grammaire (dont j'ai appris que le mot glamour est cousin) à peu près correcte : j'oublie parfois les majuscules, mais pas question keu jecriv kom sa. et puis, pour tout vous dire, j'ai une double identité : je suis aussi un loir, petit animal qui dort l'hiver, je viens de me reveiller, faites pas chi**! (je fais partie de l'armée secrète de raoul le grand tapir. il est méchant).

le salidou? c'est de la crème du caramel au beurre salé. je n'arrive pas à mettre des photos, mais j'en ai pris des jolies, pendant mes vacances, entre rennes et paris... j'ai fait des trucs chouette, marché à st malo, visité au musée sans payer, assisté à la messe sans savoir, essayé le siège de merlin et mangé des galettes et vu des gens que je ne savais pas ici (oui, christophe, bruno, lolo...)

bref, je vais peut être réactualiser ce blog des fois, maintenant. je vais vous parler de neil gaiman, promis, du petit enfant huitre, de winkler, de palahniuk, de zola et dumézil, des le-chat-qui et des improbables achats dans d'improbables dépot-vente... enfin, je vais essayer!



dimanche, novembre 06, 2005

Arto Paasilinna – Petits suicides entre amis

Le suicide, la mort voulue et consentie. Quel sujet barbant, et a priori morbide, me direz-vous. Et pourtant, pourtant... (Non, ce n’est pas le début d’une chanson d’Aznavour, enfin, pas aujourd’hui.). La Finlande, dit-on, possède un des plus fort taux de suicide du monde. Pas étonnant, si l’on songe à la nuit polaire, à la bouffe finlandaise et au sauna... encore une fois, et pourtant !

J’ai récemment commencé la lecture de « Ainsi vivent les morts », de Will Self. Ok, je me suis arrêtée page 61, mais si le thème est le même, la mort et ses multiples variations, l’effet produit (et de là la qualité du bouquin, pour moi en tout cas) n’est absolument pas le même.

Le roman d’Arto commence par une double tentative ratée de suicide, du président (actuellement en faillite, marié à une femme acariâtre) Onni Rellonen d’une part, et du colonel Hermanni Kempainen d’autre part. Ils avaient choisi la même grange pour se donner la mort. De cette rencontre a priori pas très heureuse naît une amitié forte entre les deux désespérés et surtout l’ambition de rassembler tous les suicidaires de Finlande, afin de former une armée (Kempainen est un militaire veuf acculé au suicide par ennui et solitude). Ils trouvent 600 candidats, qu’ils rassemblent à Helsinki pour un symposium, aidés en cela par la directrice adjointe Helena Puusari, tout aussi suicidaire qu’eux mais beaucoup plus efficace et organisée dans son travail.

Suite à moult péripéties, ils se trouvent à 30, avec un bus, en partance pour le grand saut collectif au Cap Nord, en Norvège. Les personnages sont hauts en couleurs, et chacun a une bonne raison pour se suicider, se faire sauter le caisson, se dessouder, se supprimer, bref pour disparaître définitivement. Il y a une enseignante d’art ménager battue par son mari, un capitaine dont le bateau n’est qu’un tas de rouille coûteux, un autocariste déterminé et passablement chauffard entre autres, et quelques égarés non suicidaires, dont un éleveur de rennes fugitif et un serveur poète.

Tout ce petit monde ne reste pas en Norvège, mais se dirige vers le sud, la Suisse, puis le Portugal. Et tout ce petit monde se découvre, parle, campe, mange et boit, bref... revit. Je ne dévoile pas la fin mais la morale est très finlandaise, maligne et pas gnangnan pour deux sous.

Ce livre m’a ravi, il n’est pas trop long, bien rythmé, et alimente mes propres réflexions sur le suicide : peut-on, a-t-on le droit de se donner soi-même la mort ? Existe-t-il des moments dans la vie où l’on sait sans erreur possible que la vie est finie, qu’elle ne peut plus rien apporter ? Se sont peut-être des digressions de philosophie débile à trois francs, mais ce sont quand même des réflexions qui taraudent pas mal de monde, en Finlande du moins.

C’est aussi très drôle. Ha ben oui, sinon je pense que je n’aurai pas tenu, si chaque spasme de l’agonie était décrit, et si chaque raison de désespérer franchement et sincèrement explorée (tu n’entends, Will Self ? arrête de faire des livres où les morts sont suivis par leurs enfants morts en bas âge et leurs fausse couches toujours raccrochées à leurs corps!)

Arto a aussi écrit d’autres livres, dont la « Douce Empoisonneuse », que je vais bientôt sans doute lire (merci Maryyyse) et j’écrirais alors, si j’ai le temps, aussi dessus.

Petits suicides entre amis, titre original « Hurmaava Joukkoitsemurha » (pour ceux qui lisent le finnois...), folio poche, prix indéterminé.

Pas de lien Web, en tout cas pas de recherche.