Pytra lit, a lu, lira...

mardi, mars 14, 2006

Mais d'où viennent-ils?

Qui? Mais les livres, qui recouvrent de plus en plus le sol, les boites et la bibliothèque de mon par ailleurs charmant 38m²..! Et bien, répondraient les esprits simples, du magasin (un mot sur la bibliothèque du quartier : je n'y vais que rarement : je suis systématiquement en retard et j'accumule les amendes...). Mais cette réponse du magasin n'est pas satisfaisante, elle ne convient pas: mes livres (hé oui, j'éprouve une certaine satisfaction à parler de mes livres, comme on parle de sa bagnole ou de son appart ou de sa machine à expresso), mes livres ne viennent pas de n'importe où. Je suis sélect, je ne prends pas tous les livres; limite je fais de l'immigration choisie (pour ça seulement). Je m'explique : il y a une catégorisation, et différentes provenances.
Il y a d'abord les livres de provenance "pas claire», c'est à dire dont je ne me souviens plus, plus bien, pas du tout. Ils me viennent en grande majorité de ma mère, ou plutôt de la maison de mes grands parents. Un mot là dessus : c'est une ferme, et dans la salle (l'entrée quoi), il y a une armoire qui contenait-elle est vide maintenant-, en bas, des livres que ma soeur et moi allions prendre quand nous allions là-bas. Le placard regorgeait de club des cinq, d'Agatha Christie et de Zola, qui constituèrent mes premiers et plus forts émois littéraires. Ces livres là ont été achetés avant que je naisse, et lus par ma mère et mes tantes à mon âge à l'époque.
Ensuite, il y a les livres que j'achète. Ils sont nombreux, et leur population évolue de façon rapide, surtout dernièrement. je les achète parfois en ne sachant pas si je les lirais ou si je les offrirais, parfois juste parce que la couverture est jolie, moins souvent parce que j'ai en tête un plan ou que j'ai lu une critique du livre qui m'a plue. Mes terrains de jeu préférés sont, dans l'ordre s'il vous plait:
decitre et decitre langues. À Lyon, place bellecour. C’est grand, il y a tout, les vendeurs sont gentils et compétents, et mon prétendu snobisme (quelle illusion!) m'y pousse plutôt qu'a la fnac -en plus leur rayon anglais est nul, à la fnac. Les désavantages sont nuls, si ce n'est que je ne peux que rarement ne pas acheter en y allant.
La fnac. Ok, c'est un supermarché, et nous avons tous la larme à l'oeil en y allant, rien qu'en pensant à notre petit libraire de quartier qui pouvait vous commander votre livre avec tout l'amour du petit commerçant et se souvenir du prénom de votre mère, de votre mec, de votre chien. Mais bon, comme disait Madonna, i'm a material girl, alors parfois, je vais à la fnac.
Amazon. Ok, je ne devrais pas faire de pub. Mais l'achat sur internet, quel pied! Quel confort! Quel danger! À tout heure du jour où de la nuit, acheter l'intégrale de Proust ou le dernier beigbeder! J’aime bien, je l'emploie aussi pour faire des cadeaux : comment trouver un obscur western ou un livre de cuisine mongole en anglais? Internet, je vous dis!
Les brocanteurs. C’est mon moyen préféré. En fait, pour moi, un livre n'est pas tant une enveloppe matérielle qu'un contenu, qu'un texte ; comme pour les gens, je me fie plus au fond qu’à la forme. Il y en a une, de brocante - dépôt vente - antiquaire à Lyon, que j'adore. elle n'est pas très loin de chez moi, c'est une mamie, dans un garage, entre des fauteuils en rotin, des pianos demis queues et des tables de marbre tachées, il y a des étagères branlantes avec des livres, des masques, avec pour tout commentaire ce signe " 6 pour 2 euros". C’est là bas que j'ai découvert une série d'Alexandre Ternel, les "croque mort", roman policier mettant en scènes un croque mort, donc, mais aussi un commissaire couard, une juge frigide et maniaque, des notables tous trempant jusqu'au cou dans des affaires louches, et une ambiance jouissive de ville moyenne française dans les années quatre-vingt... et le tout pour 2 euros! Magnifique comme parfois un magasin poussiéreux et tenu par une sexagénaire peut recéler de bonnes surprises!
Il y a aussi le dépôt vente en chaîne, avec le troc de l'île. Il faut avouer, le choix est plus grand, et c'est souvent l'endroit indiqué en cas d'envie pressante de lire un Molière (une pièce hein), Flaubert, Zola, ou autre très grand classique : on récupère les cadavres de bouquins d'écoles, avec parfois un dossier explicatif, comme quand on avait quinze ans.
Enfin, les meilleurs livres, les plus beaux : ceux que l'on m'offre. On peut me rendre plus heureuse qu'avec des livres (oui, n'oubliez pas je suis matérialiste : aboulez les diam's, les parfums de prix, les grosses voitures...), mais les livres me rendent plus souvent heureuse. C’est très révélateur les livres que l'on vous offre, cela veut dire beaucoup sur la personne qui l'offre. Personne ne m'a offert de livre sur la mécanique des fluides, parce que c'est peu festif et que je ne m'y intéresse pas. Mais on m'a offert des livres sur les mots rares et bizarres, sur le Danemark, sur les insultes en anglais, ou des contes zen. Bref, que des trucs que j'aurais pu moi même acquérir; et si ce n'est pas le cas, et bien, je prends quand même, je lis, et cela me renseigne sur la façon dont on me voit.
Un avant-dernier mot, enfin, pour illustrer le rapport fusionnel avec les livres : l'été dernier, j'ai été hospitalisée. On m'a offert un livre très épais à cette occasion : je l'ai commencé, jamais fini, et quand je le reprends, j'ai un coup de déprime. Comme quoi...

le vrai mot de la fin : achetez des livres! Ou allez à la bibliothèque! Lisez!