Pytra lit, a lu, lira...

vendredi, mars 31, 2006

Le livre qui fait bien! et même DU bien!

Hello, lecteurs!

en ce moment je lis non pas pour mon plaisir, je lis interessé. je lis pour pouvoir répondre avec classe à la question "quel est le dernier livre que vous ayez lu?", question que mes examinateurs durant mon oral d'admission ne manqueront pas de me poser, sinon j'aurais fait ça pour rien.
j'avais plusieurs livres à ma disposition pour ça : des pièces de théâtre pour beaucoup d'entre eux. Faust de Goethe, Romeo et Juliette (je sais pas si ça le fait de dire que l'on lit du Shakespeare.) j'avais aussi un recueil de nouvelles de Karen Blixen (après avoir vu le Festin de Babette je me suis tournée vers lui).

Mais j'ai choisi A Rebours. Oui, de Joris-Karl Huysmans. Oui, vous ne connaissez même pas, et si oui, vous êtes très forts, ou alors dingue de littérature, mais de la forte, non coupée, sans aucune sorcière qui chante de chansons grivoises dedans (en ce moment, j'en ai un peu marre de Pratchett en permanance, il faut bien changer non?)

Donc, ce petit bijou de livre, cette merveille, cette rareté, m'est arrivée entre les mains de façon détournée. L'idée n'est pas de moi. Elle n'est même pas née d'une errance dans une librairie très bien fournie, mettant les auteurs de la fin XIX en valeur. L'idée vient de Thierry Prellier. Il a écrit un livre, un seul à ma connaissance, le petit dictionnaire des mots rares, que l'on trouve au cherche midi, ou en poche. C'est un livre essentiel, que j'ai depuis des années (trois ou quatre ans?) et que je consulte souvent, et qui m'a fait lire déjà d'autre livres : en fait, ce petit dico de mots délectables m'a déjà fait lire Lolita de Nabokov, livre contre lequel j'avais des précautions, mais qui est en fait fantastique - mais ce n'est pas le sujet. Prellier cite dans le dico, après les définitions, des extraits, phrases venues de ces lectures. Et certains titres reviennent souvent : Lolita (et d'autres de Nabokov) et A Rebours (de Joris-Karl, mon nouvel ami).
alors, je me suis dit, en cherchant délibérement un livre qui fait classe, pourquoi pas A Rebours? rien que le titre fait intello, rien que le nom de l'auteur impressionne, rien que le contenu m'éblouit.

Car il y a un contenu, dense, lourd et âcre, derrière ce quelquechose de clinquant et de poseur qu'est la livre au premier abord. il y a l'histoire de Des Esseintes, héros romantique dégénéré, nevrosé et finissant, qui pleure la pauvreté de son sang étteint et sa vie mort-née, faite de rencontres nulles et de lectures voraces, de tortues dorées et de fleurs achetées pour le ressemblances avec des fausses, de vie uniquement nocturne, de continuels maux et de mots eux aussi abondant en un flux intarrisable, parfois obscurs, parfois triviaux, toujours exprimant une irrésolue fatigue de la vie et de tout ce qui pourrait être la normalité.

Ce héros de la charogne, du scandale et de l'ennui, ce héros d'une certaine fin, on peut le retrouver dans certains personnages au sang finissant dans l'épopée retranscrite par Zola - en particulier les nobles débiles dans le docteur pascal - tout en n'étant pas du tout du même style - ou dans les trames poétiques de la fin du siècle. étrangement, Huysmans est devenu après ce roman un catholique fervent, et semble avoir retrouvé une vie plus paisible, Des Esseintes étant parfois son autoportrait. il se retire même chez les bénédictines.

Vers la fin du roman, la maladie rattrape Des Esseintes. Elle le rattrape au point qu'il se sent mourir, et il sent en fait mourir ce monde clos, ce monde de nuit et de chimères qu'il avait tenté de construire. Une des chimères les plus marquantes est celle de la tortue : il fait peindre d'or et incruster de pierres soigneusement choisies un tortue afin qu'elle décore son intérieur et soit raccord avec le tapis. mais la tortue meurt (la nourrit-il seulement?) et l'odeur de la putréfation se répand. Avec elle meurt un peu du rêve de vie retirée du monde, consacrée au beau et à l'étude, que Des Esseintes voulait s'imposer. On peut penser que le livres est profondément pessimiste, puisqu'il est en fait le récit d'un échec, mais en fait, après avoir lu la préface de l'auteur, on se rend compte que ce n'est qu'une fin possible, et que la renaissance est réalisable; pour Huysmans ce sera avec la religion comme vu plus haut, mais ce peut être aussi le nouveau siècle, qui s'ouvre après le roman, que l'homme peut retrouver l'espoir et se sortir enfin de ce siècle languissant, finissant. ce même siècle qui faisait dire à Hugo dans les Misérables "le dix-neuvième siècle est grand, mais le vingtième sera heureux". C'était une jolie citation, dommage que tout se soit mis en oeuvre pour en faire un contre-vérité...

ps : je l'ai fini. accablée par tant de pessimisme, je me suis retournée vers mon bon vieux pratchett. haaa, que c'est bon - aussi - et qu'éric est dröle!